16 novembre 2011

Les plus belles années...

   Elle était grande pour une septuagenaire, plus d'un mètre soixante dix. Son jeans pattes d'éléphant bleu de travail et délavé sur les genoux retombait tellement bas qu'on ne voyait pas si ses bottes en cuir marron avaient des talons. Elle portait un large manteau kaki s’arrêtant au genou. Sur l'épaule gauche, une sacoche en cuir assorti à ses bottes, et au rabat tressé de lamelles d'un cuir plus clair ; sur l'épaule droite, une besace du rouge le plus flamboyant qu'on puisse imaginer par un temps typiquement parisien - gris et froid - ornée de perles et de pompons qui lui donnaient un air d'indienne. Une écharpe en vieille laine grisâtre et pleine de peluches entourait son cou. Elle portait des bagues sous ses gants fins, et cette coquetterie contrastait avec son visage desséché et maussade entouré de cheveux rêches et jaunâtres.
   Lui, ressemblait à une grosse aubergine. Il était vêtu d'une veste grise et d'un jeans bleu. Sa toute petite tête dégarnie sur le dessus reposait sur un grand corps aux épaules enfantines, au tronc opulent et au fessier large, le tout sur des jambes plutôt fines. Comme une aubergine sur pattes. On ne le voyait pratiquement que de dos mais quand il tournait la tête on apercevait un nez en patate, des joues rouges, et un regard extrêmement sage et savant. Il n'avait d'yeux que pour elle.

   Et ces deux là, dans le métro, s'embrassaient, se pinçaient et riaient comme des enfants.