27 juillet 2011

Comme tous les ans.

Coucou, ce matin, je me suis levée et j'avais 19 ans.

25 juillet 2011

Roi d'un jour.

   Comme les toilettes comptent dans l'existence d'une femme ! Mieux encore que ses amours elles la jalonnent. Comment, sans ces repères, pourrait-on s'y reconnaître ? La robe d'abord, et puis, presque toujours au second plan, parfois indiscernable au sein du brouillard, le visage de l'homme qui vous l'enlève. Il faut avoir chéri d'une flamme peu commune pour que, un tiers de siècle plus tard les traits provisoires de l'amant ne se trouvent pas offusqués par les mémorables prestiges de la mode.
   [...]
   Une entrée dans un salon qui rassemble tant de guerriers célèbres, de femmes renommées, de comparses infatués des deux sexes, de censeurs, surtout femelles, minutieux et opiniâtres, prompts à la critique chuchotée qui a raison des réputations établies, oui, une entrée dans un salon de Paris ne se prépare pas avec moins de soins et de perspicace anxiété, de lucidité et de maîtrise qu'une bataille. Voici Elzélina à sa toilette, à son office sacré. Baignée, parfumée, fardée, et se sent détendue et souple ; ses membres se développent librement ; elle se trouve à l'aise dans sa peau ; l'assurance de sa beauté la remplit d'une allégresse paisible et rayonnante ; elle attend, elle appelle sans impatience, avec un appétit serein, le cérémonial du monde et de l'amour, l'atmosphère voluptueuse qui règne sous les lustres, les regards et les mouvements organiques devinés des hommes, leur chaleur excitée que la retenue de la bienséance accroît ; elle ne craint pas de rivales ; la société des femmes ne nuit qu'aux laiderons ; les autres se prêtent pour leur triomphe l'appui mutuel de leur éclat. Un homme de l'art l'a coiffée à la Titus ou à la Caracalla, a emprisonné sa chevelure, par derrière, sur la nuque, dans un réseau de pourpre ; un diadème d'or la couronne. Maintenant ses deux chambrières, car elle connaît alors une époque de faste et de splendeur, ses deux chambrières l'aident à enfiler ses longues jambes aux cuisses amples, étau puissant et délicat, dans un tricot collant de laine fine couleur de chair, car on méprisait alors la soie. Elles la chaussent de ses sandales romaines, en nouent les ligatures qui se croisent en losanges autour des mollets, poudrent légèrement ses pieds bagués d'or, ravivent la lumière de ses ongles brillants pareils à de petiits miroirs bombés. Elzélina revêt enfin la tunique de mousseline égayée de broderies, de grecques, ouverte sur le côté, et qui tombe bas, révélant à chaque pas la perfection d'une marche de déesse. Ainsi avanceraient les statues si leur marbre consentait un jour à les libérer de l'immobilité, à leur permettre ces parcours, ce danses majestueuses et calmes qu'elles renferment et que, fermant les yeux, nous imaginons parfois. Elzélina s'approche de la grande glace à trois face o elle devient une trinité mythologique de soi-même et ne peut s'empêcher de se féliciter d'un quadruple sourire, le sien propre et ses trois reflets.
   [...]
   Une rumeur violente s'éleva dans la rue, un bruit heurté de charroi et de cris : Vive la Nation ! A bas les ministres ! Elzélina s'éveilla soudainement et pleinement dans ce lit solitaire, dans cette chambre misérable, dans sa peau à laquelle les années n'avaient pas épargné quelques menus outrages, dans ce soi-même dont la marge d'avenir, d'illusions, d'espérance, se rétrécissait chaque jour. De tout cela, il lui fallut un moment pour se convaincre. les songes nous persuadent sans difficulté ; le réel y a plus de mal.
Alexandre Arnoux - Roi d'un jour

16 juillet 2011

Peut être treize.

Je suis celle
qui est là à attendre que ça passe
celle qui est assise au bord de la rivière
le dos tourné à l'eau

je regarde les platanes.


Vivement
vraiment, vivement que tout cela déjà finisse
l'éternel ne sera pas pour cet automne
combien d'automnes faut-il d'ailleurs encore attendre ?
je joue à oublier les notes
les notes que tu joues
que tu as jouées demain
hier
soir et matin.
Je suis patiente comme une hirondelle prête à pondre ses oeufs alors que son nid n'existe toujours pas

Je ferai l'amour à nos conversation solitaires
j'ai peur,
oui, j'ai peur de nous comme de la fin du monde
mais je nous désire
cachés derrière des rideaux opaques
cachés à tout Paris, sous les toits, narguant la pluie
et tu m'aimeras encore ce jour-là

et je serai,
la plus heureuse du monde,
                                        en m'endormant sur la paume de ta main
                                        fermée.

15 juillet 2011

L'amant de Lady Chatterley.

   De petits éclairs de soleil passaient, étrangement brillants, et éclairaient, à la lisière du bois, sous les noisetiers, les renoncules qui étincelaient comme des paillettes jaunes. Et le bois était tranquille, si tranquille, agité pourtant par des éclairs de soleil passager. Les premières anémones étaient en fleur, et le bois semblait tout pâle de leur pâleur innombrable qui constellait le sol. "Le monde a pâli sous ton souffle." Mais, cette fois-ci, c'était le souffle de Perséphone ; elle était sortie des Enfers par un matin froid. Des souffles de vent froid passaient, et, par-dessus, c'était la fureur du vent emmêlé, accroché aux rameaux. Lui aussi, le vent, tâchait de s'arracher, de se libérer, comme Absalon. Que les anémones semblaient avoir froid, en haussant leur blanches épaules nues sur leurs crinolines de verdure ! Mais elles tenaient bon. Il y avait aussi quelques petites primevères décolorées, les premières, près du sentier, et des boutons jaunes qui s'ouvraient.
Lawrence - L'amant de Lady Chatterley

12 juillet 2011

Ophélie.

Il est des choses qui n'ont de sens que dans l'eau
qu'est-ce que l'eau ?
des larmes au bord d'une piscine,
des mots semblables à des flèches qui transpercent le coeur
la tête qui tourne le regard dans le vague...

N'oublies jamais que l'océan t'amènera à mille berges différentes que tu pourras choisir
n'oublies pas non plus que le temps est irréversible et qu'il faut donc le manier comme il te semble

ne te noies pas dans tes peurs,
noies toi dans ta liberté.

06 juillet 2011

Et en plus.


04 juillet 2011

Un certain sourire.

   Nous en arrivames tout naturellement à parler de l'amour. Il me dit que c'était une bonne chose, moins importante qu'on ne le prétendait, mais qu'il fallait être aimé et aimer soi-même assez chaudement pour être heureux. J'opinai de la tête. Il me dit qu'il était très heureux parce qu'il aimait beaucoup Françoise qui l'aimait beaucoup lui-même. je le félicitai, assurant que ça ne m'étonne pas, que Françoise et lui étaient des gens treès, très bien. Je sombrais dans l'attendrissement.
   - Sur ce, dit Luc, si je pouvais avoir une aventure avec vous, ça me plairait beaucoup.
   Je me mis à rire sottement. je me sentais dépourvue de réactions.
Sagan - Un certain sourire

Le coeur sous le rouleau compresseur.

   Il m'arrive de penser que mon cerveau est comme un œuf cru. Tant qu'il est dans mon crâne bien au sommet, tout va bien. Et puis il se met à couler, à rouler lentement de côté. Je peux bouger la tête juste à temps pour le remettre en place et bientôt il se met à couler vers l'autre côté. Il faut que je le remette en place à chaque seconde, que je l'aie perpétuellement à l'oeil. SI je relâche mon attention et que je laisse couler je serait fou. Je ne suis tranquille que quand je dors. Et le matin, ça recommence.
Buten - Le coeur sous le roule compresseur