05 juin 2011

Blanc et noir.

Il y eût deux choses.

Il y eût :

   Quatre heures du matin. Jude et Axel jouaient un duo jazzy au piano et c'était le plus beau morceau du monde. Je parlais russe avec Lucie, je buvais un cocktail de rhum : mon cinquième de la soirée. Mon dos se reposait sur la canapé le plus agréable du monde : celui du salon de chez Dub. Je suis venue à peine une quinzaine de fois chez lui dans ma vie et je m'y sens mieux que dans ma propre chambre. Je buvais et ma bouche sirotait à ma place. Je crois que ce soir, pendant quelques minutes, j'étais heureuse. Heureuse dans la plus grande intimité : devant quatre personnes, des morceaux de coeur.


Il y eût :

   Trois heures du matin. Je venais de m'emparer de la vodka-kass qui était dans les mains d'Eloïse. Je riais et criais sur des inconnus aux prénoms exquis : Balou, Mathias, Dim. Mathias avait des couilles pleines, Dim en avait ras-le-bol et Balou était le mec à la chemise bleue et au coeur remplacé par un paquet de Malboro que je lui volais peu à peu, en lui offrant mes fleurs blanches - celles que j'avais trouvées en pissant quelque part, très loin, avec des filles aux visages d'ange. Je buvais et mon corps sirotait la bouteille à ma place. Je crois que ce soir, pendant quelques heures, j'étais heureuse. Heureuse dans la plus grande impudeur : devant cent personnes, des inconnus.