POLINA
C'est étrange...
THANATOS
De quoi ?
POLINA
Je dis à tout le monde que je vais très bien.
THANATOS
Et ? Tu n'as pas l'habitude ?
POLINA
Si, j'ai l'habitude de mentir, mais là, c'est presque se mentir à soi-même...
THANATOS
Qu'est-ce qui se passe ?
POLINA
Je déteste cette question, je ne sais quoi répondre à chaque fois. Car si je creuse bien, je n'ai aucun souci. Tout pour être heureuse, théoriquement.
THANATOS
Théoriquement ? Et en pratique ?
POLINA
En pratique aussi. Même sur le plan amoureux tout va plutôt bien...
THANATOS
Je te sens hésitante.
POLINA
Oui... Je ne sais pas pourquoi. Nous sommes à nouveau ensemble, tout a l'air de se passer bien, comme on le veut...
THANATOS
Mais ..?
POLINA
Quoi mais ?!
THANATOS
Arrête de faire genre que tu ne vois pas de quoi je parle ! Tu sais très bien ce qui te ronge. Es-tu si renfermée, à toi, à lui, pour ne pas savoir le reformuler avec une phrase ?
POLINA
Je crois que oui.
THANATOS
Petite conne. Je vais te le dire, moi, ce qui va pas, je vais te le crier sur les toits, je vais...
POLINA
Tu ne pourras pas. C'est à moi, tu ne pourras pas le dire si je ne suis pas d'accord, si je ne peux pas, tout simplement.
THANATOS
Mais arrête, ressaisis toi ! Qu'est-ce que tu fais ? Où est-ce que tu plonges, où est-ce que tu comptes t'enfuir, comme ça, en fermant ta gueule ? Parle, dis tout ce qui te sort par la tête !
POLINA
Mais je ne peux pas lui dire ça !
THANATOS
Mais pas à lui ! A toi ! C'est à toi que tu dois te le dire, c'est toi le problème, Polina, c'est toi seule qui peut te nettoyer le cerveau au kascher, toi seule qui peut tout virer, souffler un coup, dépoussiérer les recoins sales et reprendre tout à zéro, le cœur léger.
POLINA, pleurant.
Pourquoi tu me dis tout cela ? Maintenant je pleure... Tu sais très bien que j'en suis incapable.
THANATOS
Tu pleures, tu pleures... Tu pleures tout le temps ! Tu ne sais faire que ça : pleurer ! Ça ne t'est jamais venu à l'esprit qu'il y a autre chose que des larmes dans ta tête ? Que les heures que tu passes à pleurer pourraient être utilisées à autre chose ?
POLINA
J'ai rien à faire...
THANATOS
Oh, pauvre petite, elle n'a rien à faire ! Tu as dix-huit ans, tu dois trouver autre chose qu'arroser tes remords. C'est pour ça qu'ils s'enracinent en toi. Tu es incapable de les déchirer ..! (Polina reste silencieuse, sanglotant de temps à autres. Après un quart d'heure de silence Thanatos reprend la parole, exaspéré.) Je ne sais plus quoi toi dire. Je n'ai plus rien à te donner. Il revient mercredi soir. Mets ton plus beau sourire, et viens le chercher à la gare. Lorsqu'il descendra du train, embrasse le, dis lui que tu l'aimes, parle lui, trouve autre chose, n'importe quoi qui t'empêchera de lui dévoiler une millième fois tes larmes. Il en a marre, de tes yeux qui pleurent ! Montre lui qu'il y a autre chose en toi que de l'eau salée. Montre lui les graines de vie qu'il te reste. Donne les lui ! Il saura les planter mieux que toi, au fond de son cœur, il saura les réchauffer d'amour, et peut-être un jour elles pousseront en ne vivant que pour les rayons du soleil.
Polina a arrêté de pleurer, les traces de larmes brillent sur ses joues, elle a le regard dans le vide, elle inspire fort un coup, puis expire doucement. On voit tout son corps se dégonfler. Elle reprend son inspiration, puis tousse fort mais brièvement, se lève, et part vers la gauche, en titubant. Arrivée derrière le rideau, on entend son corps tomber sèchement sur le sol, un bout de son pied dépasse du rideau. Thanatos se lève, lui jette un coup d'oeil attristé, et part vers la droite. Quand il est caché derrière le rideau on entend un claquement de doigt. le pied de Polina se retire derrière le rideau. Une minute de silence, avec des jeux de lumière bleue et jaune sur la scène.
VOIX DE LA SNCF
Votre attention s'il vous plait. Le train numéro six mille deux cent trois, en provenance de Paris Gare de Lyon et à destination de Perpignan va entrer en gare, voie 2B. Éloignez vous de la bordure du quai.
Bruit de train. Rideau.
C'est étrange...
THANATOS
De quoi ?
POLINA
Je dis à tout le monde que je vais très bien.
THANATOS
Et ? Tu n'as pas l'habitude ?
POLINA
Si, j'ai l'habitude de mentir, mais là, c'est presque se mentir à soi-même...
THANATOS
Qu'est-ce qui se passe ?
POLINA
Je déteste cette question, je ne sais quoi répondre à chaque fois. Car si je creuse bien, je n'ai aucun souci. Tout pour être heureuse, théoriquement.
THANATOS
Théoriquement ? Et en pratique ?
POLINA
En pratique aussi. Même sur le plan amoureux tout va plutôt bien...
THANATOS
Je te sens hésitante.
POLINA
Oui... Je ne sais pas pourquoi. Nous sommes à nouveau ensemble, tout a l'air de se passer bien, comme on le veut...
THANATOS
Mais ..?
POLINA
Quoi mais ?!
THANATOS
Arrête de faire genre que tu ne vois pas de quoi je parle ! Tu sais très bien ce qui te ronge. Es-tu si renfermée, à toi, à lui, pour ne pas savoir le reformuler avec une phrase ?
POLINA
Je crois que oui.
THANATOS
Petite conne. Je vais te le dire, moi, ce qui va pas, je vais te le crier sur les toits, je vais...
POLINA
Tu ne pourras pas. C'est à moi, tu ne pourras pas le dire si je ne suis pas d'accord, si je ne peux pas, tout simplement.
THANATOS
Mais arrête, ressaisis toi ! Qu'est-ce que tu fais ? Où est-ce que tu plonges, où est-ce que tu comptes t'enfuir, comme ça, en fermant ta gueule ? Parle, dis tout ce qui te sort par la tête !
POLINA
Mais je ne peux pas lui dire ça !
THANATOS
Mais pas à lui ! A toi ! C'est à toi que tu dois te le dire, c'est toi le problème, Polina, c'est toi seule qui peut te nettoyer le cerveau au kascher, toi seule qui peut tout virer, souffler un coup, dépoussiérer les recoins sales et reprendre tout à zéro, le cœur léger.
POLINA, pleurant.
Pourquoi tu me dis tout cela ? Maintenant je pleure... Tu sais très bien que j'en suis incapable.
THANATOS
Tu pleures, tu pleures... Tu pleures tout le temps ! Tu ne sais faire que ça : pleurer ! Ça ne t'est jamais venu à l'esprit qu'il y a autre chose que des larmes dans ta tête ? Que les heures que tu passes à pleurer pourraient être utilisées à autre chose ?
POLINA
J'ai rien à faire...
THANATOS
Oh, pauvre petite, elle n'a rien à faire ! Tu as dix-huit ans, tu dois trouver autre chose qu'arroser tes remords. C'est pour ça qu'ils s'enracinent en toi. Tu es incapable de les déchirer ..! (Polina reste silencieuse, sanglotant de temps à autres. Après un quart d'heure de silence Thanatos reprend la parole, exaspéré.) Je ne sais plus quoi toi dire. Je n'ai plus rien à te donner. Il revient mercredi soir. Mets ton plus beau sourire, et viens le chercher à la gare. Lorsqu'il descendra du train, embrasse le, dis lui que tu l'aimes, parle lui, trouve autre chose, n'importe quoi qui t'empêchera de lui dévoiler une millième fois tes larmes. Il en a marre, de tes yeux qui pleurent ! Montre lui qu'il y a autre chose en toi que de l'eau salée. Montre lui les graines de vie qu'il te reste. Donne les lui ! Il saura les planter mieux que toi, au fond de son cœur, il saura les réchauffer d'amour, et peut-être un jour elles pousseront en ne vivant que pour les rayons du soleil.
Polina a arrêté de pleurer, les traces de larmes brillent sur ses joues, elle a le regard dans le vide, elle inspire fort un coup, puis expire doucement. On voit tout son corps se dégonfler. Elle reprend son inspiration, puis tousse fort mais brièvement, se lève, et part vers la gauche, en titubant. Arrivée derrière le rideau, on entend son corps tomber sèchement sur le sol, un bout de son pied dépasse du rideau. Thanatos se lève, lui jette un coup d'oeil attristé, et part vers la droite. Quand il est caché derrière le rideau on entend un claquement de doigt. le pied de Polina se retire derrière le rideau. Une minute de silence, avec des jeux de lumière bleue et jaune sur la scène.
VOIX DE LA SNCF
Votre attention s'il vous plait. Le train numéro six mille deux cent trois, en provenance de Paris Gare de Lyon et à destination de Perpignan va entrer en gare, voie 2B. Éloignez vous de la bordure du quai.
Bruit de train. Rideau.