20 mai 2010

Mardi, 15 heures.

La nausée s'enfuit aussi vite que le souvenir
quand on oublie le goût qu'on les composantes de mon repas habituel
une morsure, un baiser
que faire de toutes ces nuits, maintenant ?
il y a bien des heures que j'ai tout oublié
tout flanqué à la porte
tout cassé en mille morceaux
les heures se heurtent à mes chevilles
et je cours mais je ne m'enfuis plus.
l'entité - j'aime bien ce mot, il me rappelle un temps perdu
à te palper le dos dans ton sommeil - se brise
plus vite
plus fort
comme un ascenseur qui chute vers le haut
j'aimerais que ce soir, comme hier, comme demain, comme vingt ans auparavant
tu entendes enfin mes gémissements doux, ceux d'une gamine
haute comme trois pommes, mangeant trois poires
sur une armoire
à moitié nue
tombée des nues
sans autre excuse
que sa blouse blanche
et ses talons
trop grand pour elle
(car ils étaient à sa maman).

Pardon ! je m'égare comme la lune ce matin
qui somnolait au coin du ciel, juste au dessus
d'une centaine d'âmes endormies dans du béton

je pars encore, excusez moi

allons chercher Alice dans les bois
car le pays des merveilles n'est rien d'autre qu'un sous-sol
les vers de terre me rentreront par le nez et me sortiront par la bouche le jour de mon autopsie
même si au fond, je n'aurais pas voulu donner mon corps à la science

j'ai oublié de l'écrire sur mon testament
passez moi un stylo
donnez moi une feuille blanche
je ne tracerai que quatre lettres dessus
les uniques courbes d'un long voyage

le train a déraillé
sortons du wagon
aidez-moi, j'ai mon talon coincé
- eh oui, je porte toujours les chaussures à maman... -
ne me laissez pas seule
je vais crever de faim
avec un ulcère au foie
une otite au coeur
et un cancer des ongles

et un petit chat sera là, en train de me zieuter comme si j'étais une belle souris verte
vomie par un ouragan venu de l'est
petit chat, mange moi, croque moi un orteil
le petit chat reste assis, là à me regarder.